Quoi qu’il en coûte

La revanche de Don Quichotte

“car la plus grande folie que puisse faire un homme en cette vie, c’est de mourir ainsi, sans raison, sans que personne le tue, victime des seuls miasmes de la mélancolie.”

Comme à chaque fois, on m’enjoint de voter. Presse, inconnus, connaissances m’exhortent de voter – et de voter plutôt comme eux… Comme à chaque fois on m’enjoint de voter en oubliant la fois d’avant – même cette fois, même cette fois-ci !

On m’enjoint, pour sauver la démocratie, de voter pour un président dont le pouvoir et la légitimité obtenus par l’élection au suffrage direct sont si importants qu’ils annihilent la possibilité même de démocratie, en écrasant tout contre-pouvoir éventuel : le parlement craint la dissolution, le gouvernement le remaniement, le parquet la nomination – tous sont dans la main du Président, tous sont aux ordres. L’élection au cœur de la démocratie, parce qu’elle est la seule dont dépend tout le pouvoir, est dans les faits le moyen de légitimer la prise des pleins pouvoirs par un seul homme – jamais crétin irresponsable n’a été aussi puissant depuis la fin de l’Ancien Régime. Le Prince sera-t-il bon cette fois ? A-t-il été bien éduqué, est-il bon garçon ? Est-il beau, gentil et bien élevé ? Quel niveau de soumission a-t-on retrouvé pour se préoccuper des humeurs du souverain !

Mais qui vote encore ? Qui vote massivement ? Qui a intérêt au vote ? Les bourgeois, les boumers, les bourgeois-boumeurs, aujourd’hui retraités, assis sur des tas d’or, assis dans leurs résidences qui les ont rendus mécaniquement millionnaires en 20 ans. Philippe m’explique que, quand même, avec toutes ces dangers, il y en a quand même un qui a de l’expérience, qui a traversé les crises plutôt bien, qui a l’oreille de Poutine, etc – Philippe croit la télévision. Philippe ne comprend pas que son époque est terminée. Philippe ne comprend pas que pour nous sa petite rébellion bourgeoise n’a plus rien de créateur. Philippe refuse de voir que sa révolution sexuelle nous dégoûte, que baiser boire et fumer n’est plus un mode de vie désirable, que nous ne croyons pas que nous vivrons comme des rockstars, que nous ne croyons pas que nous vivrons comme lui et ses potes, dans l’abondance matérielle et la décadence morale. Votre débauche nous écœure, votre prétention nous irrite, votre avilissement nous fait honte. Saturés d’images, de sons, de sollicitations, nous ne rêvons plus de saturer nos sens comme vous, comme des porcs. Nous ne rêvons plus d’une interminable adolescence engluée dans un divertissement permanent, nous n’en rêvons plus parce que nous savons que ce temps est passé, nous savons que votre rêve est mort.

Le bourgeois, le boumeur, le bourgeois-boumeur m’enjoint de voter pour légitimer un système politique qui permet de faire perdurer la domination des retraités sur toute la société, la domination demi-séculaire des boumeurs, accrochés à leurs privilèges d’être bien nés (au bon moment) comme les moules au rocher. On m’enjoint de participer à cette farce médiatique pour peuple hébété de l’ère numérique. Non. Non, non et non. Riez de moi si vous voulez ! Riez de me voir combattre des moulins à vents ! Riez cyniquement de ma folie, riez dans vos palais de confort ! Je suivrai les pas des chevaliers illuminés plutôt que ceux des marchands matérialistes, je choisirai Don Quichotte contre les enchanteurs.

Pour notre fierté, pour l’honneur de la France, pour l’orgueil de l’humanité, nous voterons ou non mais nous changerons ce système, quoi qu’il en coûte.

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